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Préface de la première édition, 1876
L’histoire du quatrième Etat depuis 1789 devait être le prologue de cette Histoire. Mais le temps presse ; les victimes glissent dans la tombe ; les perfidies libérales menacent de surpasser les calomnies usées des monarchistes ; je me limite aujourd’hui à l’introduction strictement nécessaire.
Qui a fait le 18 Mars ? — Qu’a fait le Comité Central ? — Quelle a été la Commune ? — Comment cent mille Français manquent-ils à leur pays ? — Où sont les responsabilités ? — Des légions de témoins vont le dire.
C’est un proscrit qui tient la plume, — sans doute ; mais un proscrit qui n’a été ni membre, ni officier, ni fonctionnaire de la Commune ; qui, pendant cinq années, a vanné les témoignages ; qui a voulu sept preuves avant d’écrire ; qui voit le vainqueur guettant la moindre inexactitude pour nier tout le reste ; qui ne sait pas de plaidoyer meilleur pour les vaincus que le simple et sincère récit de leur histoire.
Cette histoire d’ailleurs, elle est due à leurs fils, à tous les travailleurs de la terre. L’enfant a le droit de
connaître le pourquoi des défaites paternelles ; le parti socialiste, les campagnes de son drapeau dans tous les pays. Celui qui fait au peuple de fausses légendes révolutionnaires, celui
qui s’amuse d’histoires chantantes, est aussi criminel que le géographe qui dresserait des cartes menteuses pour les navigateurs.
Londres, Novembre 1876.
35, Fitzroy street, (Fitzroy square.)