Rappoport a été l'un des premiers à rédiger une biographie de Jaurès. Voici quelques extraits
sur l'affaire Dreyfus
L'Affaire Dreyfus fut à la fois une épopée morale, un drame national, une tragédie politique sans cesser d'être,par certains côtés, un mélodrame populaire. Quelques comparses d'ordre secondaire (Bertillon, du Paty de Clam,dit « la Dame voilée » et Q. de Beaurepaire) menaçaient de la transformer en une farce tragi-comique. Mais les souffrances
atroces d'un innocent et les passions idéologiques et politiques lui ont conservé jusqu'à la fin son caractère sérieux. Elle a mis en mouvement tout un monde d'idées,de passions et d'intérêts. Les partis, les familles, la France elle-même, se sont divisés en deux camps : révisionnistes et anti révisionnistes, dreyfusards et antidreyfusards. L'historien qui n'a pas vécu les poignantes péripéties de la lutte aura de la peine à déchiffrer le sens exact de ces dénominations
Nous avons appelé l'Affaire Dreyfus une épopée morale. Il faut avoir vécu cette époque pour sentir la vérité de ce mot. Des hommes parmi les plus éminents, aux consciences délicates, traversaient de véritables crises morales avant de se décider à « libérer leur conscience », comme on disait alors.
Jaurès et la morale
Jaurès était la personnification du courage moral, dont le courage physique n'est que l'effet inévitable. Il le démontra
pendant l'Affaire Dreyfus et pendant la période « ministérialiste » en critiquant avec violence, contre ses propres
amis, la tactique intransigeante du Parti Ouvrier Français et des Socialistes Révolutionnaires et la grève générale contre Briand. Malgré les réels dangers, les
menaces, les calomnies et les outrages, il ne cessa pas de résister, avec la dernière énergie, à la barbarie nationaliste et chauvine, qui a fini par l'assassiner lâchement.
le livre entier est ici http://ia700607.us.archive.org/9/items/jeanjaurslhom00rapp/jeanjaurslhom00rapp.pdf
Jean Jaurès : l'homme, le penseur, le socialiste. éditions l'Émancipatrice, Paris, 1915, VII-432 p.-[2] p., (