Il y a des termes aux multiples définitions, un peu comme une auberge espagnole de la politique. C'est particulièrement intéressant de confronter les
différentes interprétations en dehors des fantasmes droitiers et des définitions réactionnaires à l'emporte pièce.
« Dictature du prolétariat » serait un terme utilisé en premier par Auguste Blanqui et repris ensuite par Karl Marx. Ce dernier y fait rarement allusion. Dans le sillage de Blanqui, Alemane et Edouard Vaillant, dirigeants de la SFIO en sont partisans, tout comme les représentants marxistes que sont Deville et Guesde. La dictature du prolétariat est un terme utilisé par l'ensemble du mouvement ouvrier et figure sur la plupart des programmes des Partis et organisations qui le composent.
Pour Marx, elle revêt une notion sociale. Le prolétariat sociologiquement et politiquement majoritaire impose sa politique à la classe dominante par la socialisation des moyens de production et d'échange. La bourgeoisie est dépossédée des instruments d'exploitation et d'échange. C'est une phase de la transition au socialisme. La nationalisation n'est pas la socialisation mais l'Etat patron dépossède le patron de droit privé de la propriété des moyens de production et ou d'échange. La dépossession de la propriété privée est une forme de dictature du prolétariat traduite politiquement par une majorité. Pour Marx c'est le fait d'une majorité sociale (le prolétariat) qui impose sa politique à une minorité sociale (la bourgeoisie). La classe ouvrière oppose sa politique de classe à la dictature de l'argent imposée par le capitalisme et la classe qui le représente.
Pour Compère-Morel c'est la période pendant laquelle le prolétariat organisé, maître du pouvoir ,aura la charge de réduire à l'impuissance les forces politiques et économiques du passé qui ne seront pas sans tenter des mouvements contre révolutionnaires ou de gêner, d'empêcher, l'action du nouveau gouvernement, dans le but de mettre en péril l'ordre nouveau. Inutile de dire et la commune est là pour le prouver, que la longueur de cette période « dictatoriale » dépendra exclusivement de l'attitude de la bourgeoisie vaincue et du degré de développement économique du milieu économique.
-Entre la société capitaliste et la société communiste , se place la période de transformation révolutionnaire , le passage de l'une à l'autre. A cette période correspond aussi une période de transformation politique dans laquelle l'Etat ne peut être que la dictature du prolétariat. (Lettre sur le programme de Gotha ---Marx).
Beaucoup des mieux intentionnés parmi les militants socialistes, repoussent le mot, s'ils admettent la chose, prétendant que ce terme de dictature du prolétariat a pris dans notre histoire un sens d'accaparement et de violence. Il nous faut donc, ici, bien préciser ce qu'entendent Marx et Engels, et le Parti Ouvrier Français de Guesde qui l'a inscrit sur son drapeau. Dictature veut dire gouvernement , plus ou moins prolongé, d'une parti de la société, d'une classe sur les autres, dans un moment précis où les lois ordinaires n'agissent plus. Quand nous parlons de dictature révolutionnaire, nous voulons simplement dire qu'il arrivera où le prolétariat conscient de sa force (sous quelle forme que ce soit) et tant qu'il n'aura pas accompli sa mission, justifié sa raison d'être, sera en état de dictature. Ce qui le distinguera des autres gouvernements, ce ne sera pas sa prise de possession du pouvoir, mais la façon dont il l'exercera. Tandis que les autres gouvernements n'ont eu pour mission que de représenter et d'opprimer une classe, le prolétariat détruira les classes et les absorbera dans la collectivité. - Charles Bonnier( Le Socialite du 10 janvier 1897).
.........C'est la mission historique du prolétariat, quand il arrive au pouvoir, de créer, à la place de la démocratie bourgeoise, une démocratie socialiste, et non de détruire toute démocratie. Or, la démocratie socialiste ne commence pas seulement dans la Terre promise, après qu'a été créée la substruction de l'économie socialiste, à titre de cadeaux de Noël du brave populo, qui aura dans l'intervalle, fidèlement soutenu la poignée de dictateurs socialistes. La démocratie socialiste commence en même temps que l'œuvre de démolition de la domination de classe et de construction du socialisme . Elle commence avec le moment de la conquête du pouvoir par le Parti Socialiste. Elle n'est autre chose que la dictature du prolétariat. Mais cette dictature consiste dans la manière d'appliquer la démocratie, non dans son abolition, dans les mainmises énergiques et résolues sur les droits acquis et les conditions économiques de la société bourgeoise, sans lesquelles la transformation socialiste ne peut se réaliser. Mais cette dictature doit être l'œuvre de la classe et non d'une petite minorité commandant au nom de la classe : autrement dit elle doit provenir au fur et à mesure de la participation active de la masse, rester sous leur influence immédiate, être soumise au contrôle du public tout entier ,être un produit de l'éducation politique des masses populaires. Rosa Luxembourg ( La Révolution russe. Examen critique).
La dictature du prolétariat, c'est la guerre la plus absolue et la plus impitoyable d'une classe nouvelle contre un ennemie plus puissant, contre la bourgeoisie, dont la force est décuplée par son renversement même, ne fusse que dans un seul pays , et dont la puissance est composée non seulement de la force du capital international , de la force et de la solidité des liaisons internationales de la bourgeoisie mais encore de la force de l'habitude de la petite production. Pour toutes ces raisons la dictature du prolétariat est indispensable , et , pour triompher de la bourgeoisie il faut lui faire une guerre prolongée , acharnée, désespérée , une guerre à mort, qui réclame la maîtrise de soi, de la discipline , de la fermeté et une volonté inébranlable .
Je le répète, le triomphe de la dictature du prolétariat en Russie a fait voir, par expérience , à tous ceux qui ne savent pas penser ou qui n'ont jamais réfléchi à cette question, qu'une centralisation absolue et la plus stricte des disciplines sont pour le prolétariat une des conditions fondamentales de sa victoire sur la bourgeoisie. Lénine (La maladie infantile du communisme (1921)). Livre que ce dernier n'aurait jamais dut écrire et qui a permis la propagation du terme et l'accusation de « gauchiste ».
Contrairement à Marx , à Rosa Luxembourg , Kautsky ou Lafargue, qui donnent à la dictature du prolétariat une dimension sociale, Lénine lui donne une dimension politique et assujetti sa pratique au Parti centralisé qui l'exerce au nom de la classe ouvrière et du prolétariat et le Parti à sa direction éclairée et ainsi de suite vers la haut de la pyramide. Celui qui remet en cause le rôle de la direction est ainsi catalogué de « gauchiste » entre autre. Injure suprême qui tend à disqualifier et au stalinisme de liquider. Justement les plus vives critiques que subit Lénine viennent de l'expérience de la Révolution Russe, notamment dès 1919 au cours de la première conférence de Berne de l'Internationale.
Léon Blum précise sa conception de la dictature du prolétariat lors d'un entretien avec le journaliste Georges Suarez, qu'il réaffirmera au cours du congrès du Parti Socialiste SFIO de 1946. Par ailleurs Blum fait une différence entre l'exercice du pouvoir et la conquête du pouvoir. La dictature du prolétariat est le moyen de la conquête totale du pouvoir et du passage au socialisme. C'est la période de transition du capitalisme au socialisme, celle de l'effondrement de la légalité bourgeoise et de construction de la nouvelle légalité qui rend légitime la suppression des classes sociales. L'effondrement de la légalité bourgeoise n'est possible que par l'action des masses majoritaire tant sur le plan social que politique et correspond à une période révolutionnaire. La conquête du pouvoir n'est possible que par des conditions révolutionnaires et doit être l'œuvre des masses conscientes et éduquées. Hors de ces conditions et dans l'alternance, il n'y a qu'exercice du pouvoir. Il ne peut y avoir de socialisme sans l'assentiment et la volonté des masses et elles dictent leur volonté. C'est le rôle premier du Parti que d'éduquer les masses afin qu'elles puissent remplir leur mission historique. ... Ce qu'a oublié Blum, c'est qu'il faut également que les directions et les partis qui se réclament du socialisme le veuillent également.
« Dictature du prolétariat » serait un terme utilisé en premier par Auguste Blanqui et repris ensuite par Karl Marx. Ce dernier y fait rarement allusion. Dans le sillage de Blanqui, Alemane et Edouard Vaillant, dirigeants de la SFIO en sont partisans, tout comme les représentants marxistes que sont Deville et Guesde. La dictature du prolétariat est un terme utilisé par l'ensemble du mouvement ouvrier et figure sur la plupart des programmes des Partis et organisations qui le composent.
Pour Marx, elle revêt une notion sociale. Le prolétariat sociologiquement et politiquement majoritaire impose sa politique à la classe dominante par la socialisation des moyens de production et d'échange. La bourgeoisie est dépossédée des instruments d'exploitation et d'échange. C'est une phase de la transition au socialisme. La nationalisation n'est pas la socialisation mais l'Etat patron dépossède le patron de droit privé de la propriété des moyens de production et ou d'échange. La dépossession de la propriété privée est une forme de dictature du prolétariat traduite politiquement par une majorité. Pour Marx c'est le fait d'une majorité sociale (le prolétariat) qui impose sa politique à une minorité sociale (la bourgeoisie). La classe ouvrière oppose sa politique de classe à la dictature de l'argent imposée par le capitalisme et la classe qui le représente.
Pour Compère-Morel c'est la période pendant laquelle le prolétariat organisé, maître du pouvoir ,aura la charge de réduire à l'impuissance les forces politiques et économiques du passé qui ne seront pas sans tenter des mouvements contre révolutionnaires ou de gêner, d'empêcher, l'action du nouveau gouvernement, dans le but de mettre en péril l'ordre nouveau. Inutile de dire et la commune est là pour le prouver, que la longueur de cette période « dictatoriale » dépendra exclusivement de l'attitude de la bourgeoisie vaincue et du degré de développement économique du milieu économique.
-Entre la société capitaliste et la société communiste , se place la période de transformation révolutionnaire , le passage de l'une à l'autre. A cette période correspond aussi une période de transformation politique dans laquelle l'Etat ne peut être que la dictature du prolétariat. (Lettre sur le programme de Gotha ---Marx).
Beaucoup des mieux intentionnés parmi les militants socialistes, repoussent le mot, s'ils admettent la chose, prétendant que ce terme de dictature du prolétariat a pris dans notre histoire un sens d'accaparement et de violence. Il nous faut donc, ici, bien préciser ce qu'entendent Marx et Engels, et le Parti Ouvrier Français de Guesde qui l'a inscrit sur son drapeau. Dictature veut dire gouvernement , plus ou moins prolongé, d'une parti de la société, d'une classe sur les autres, dans un moment précis où les lois ordinaires n'agissent plus. Quand nous parlons de dictature révolutionnaire, nous voulons simplement dire qu'il arrivera où le prolétariat conscient de sa force (sous quelle forme que ce soit) et tant qu'il n'aura pas accompli sa mission, justifié sa raison d'être, sera en état de dictature. Ce qui le distinguera des autres gouvernements, ce ne sera pas sa prise de possession du pouvoir, mais la façon dont il l'exercera. Tandis que les autres gouvernements n'ont eu pour mission que de représenter et d'opprimer une classe, le prolétariat détruira les classes et les absorbera dans la collectivité. - Charles Bonnier( Le Socialite du 10 janvier 1897).
.........C'est la mission historique du prolétariat, quand il arrive au pouvoir, de créer, à la place de la démocratie bourgeoise, une démocratie socialiste, et non de détruire toute démocratie. Or, la démocratie socialiste ne commence pas seulement dans la Terre promise, après qu'a été créée la substruction de l'économie socialiste, à titre de cadeaux de Noël du brave populo, qui aura dans l'intervalle, fidèlement soutenu la poignée de dictateurs socialistes. La démocratie socialiste commence en même temps que l'œuvre de démolition de la domination de classe et de construction du socialisme . Elle commence avec le moment de la conquête du pouvoir par le Parti Socialiste. Elle n'est autre chose que la dictature du prolétariat. Mais cette dictature consiste dans la manière d'appliquer la démocratie, non dans son abolition, dans les mainmises énergiques et résolues sur les droits acquis et les conditions économiques de la société bourgeoise, sans lesquelles la transformation socialiste ne peut se réaliser. Mais cette dictature doit être l'œuvre de la classe et non d'une petite minorité commandant au nom de la classe : autrement dit elle doit provenir au fur et à mesure de la participation active de la masse, rester sous leur influence immédiate, être soumise au contrôle du public tout entier ,être un produit de l'éducation politique des masses populaires. Rosa Luxembourg ( La Révolution russe. Examen critique).
La dictature du prolétariat, c'est la guerre la plus absolue et la plus impitoyable d'une classe nouvelle contre un ennemie plus puissant, contre la bourgeoisie, dont la force est décuplée par son renversement même, ne fusse que dans un seul pays , et dont la puissance est composée non seulement de la force du capital international , de la force et de la solidité des liaisons internationales de la bourgeoisie mais encore de la force de l'habitude de la petite production. Pour toutes ces raisons la dictature du prolétariat est indispensable , et , pour triompher de la bourgeoisie il faut lui faire une guerre prolongée , acharnée, désespérée , une guerre à mort, qui réclame la maîtrise de soi, de la discipline , de la fermeté et une volonté inébranlable .
Je le répète, le triomphe de la dictature du prolétariat en Russie a fait voir, par expérience , à tous ceux qui ne savent pas penser ou qui n'ont jamais réfléchi à cette question, qu'une centralisation absolue et la plus stricte des disciplines sont pour le prolétariat une des conditions fondamentales de sa victoire sur la bourgeoisie. Lénine (La maladie infantile du communisme (1921)). Livre que ce dernier n'aurait jamais dut écrire et qui a permis la propagation du terme et l'accusation de « gauchiste ».
Contrairement à Marx , à Rosa Luxembourg , Kautsky ou Lafargue, qui donnent à la dictature du prolétariat une dimension sociale, Lénine lui donne une dimension politique et assujetti sa pratique au Parti centralisé qui l'exerce au nom de la classe ouvrière et du prolétariat et le Parti à sa direction éclairée et ainsi de suite vers la haut de la pyramide. Celui qui remet en cause le rôle de la direction est ainsi catalogué de « gauchiste » entre autre. Injure suprême qui tend à disqualifier et au stalinisme de liquider. Justement les plus vives critiques que subit Lénine viennent de l'expérience de la Révolution Russe, notamment dès 1919 au cours de la première conférence de Berne de l'Internationale.
Léon Blum précise sa conception de la dictature du prolétariat lors d'un entretien avec le journaliste Georges Suarez, qu'il réaffirmera au cours du congrès du Parti Socialiste SFIO de 1946. Par ailleurs Blum fait une différence entre l'exercice du pouvoir et la conquête du pouvoir. La dictature du prolétariat est le moyen de la conquête totale du pouvoir et du passage au socialisme. C'est la période de transition du capitalisme au socialisme, celle de l'effondrement de la légalité bourgeoise et de construction de la nouvelle légalité qui rend légitime la suppression des classes sociales. L'effondrement de la légalité bourgeoise n'est possible que par l'action des masses majoritaire tant sur le plan social que politique et correspond à une période révolutionnaire. La conquête du pouvoir n'est possible que par des conditions révolutionnaires et doit être l'œuvre des masses conscientes et éduquées. Hors de ces conditions et dans l'alternance, il n'y a qu'exercice du pouvoir. Il ne peut y avoir de socialisme sans l'assentiment et la volonté des masses et elles dictent leur volonté. C'est le rôle premier du Parti que d'éduquer les masses afin qu'elles puissent remplir leur mission historique. ... Ce qu'a oublié Blum, c'est qu'il faut également que les directions et les partis qui se réclament du socialisme le veuillent également.